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Combat dans les gorges de La Chiffa Algérie avril 1957
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Combat dans les gorges de La Chiffa Algérie avril 1957
15 avril 1957
Je me réveille transi de froid dans ce djebel de l'Atlas Blidéen. Il est 6 heures du matin, le plafond est bas, un temps gris-blanc, Dans une atmosphère humide retrouve l'Escadron du "3" RPC au complet dans un décor de montagne en hiver. A 1200mètres d'altitude nous venons de passer une nuit pénible.
Les rations reçues avant hier sont épuisées, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent, les paras émergent de leurs toiles de tente individuelles doublées de nylon, ils se sont glissés dans le sac de couchage, deux par deux sous la toile, serrés l'un contre l'autre, cherchant un peu de chaleur humaine dans leur tenue camouflée mouillée.
Malgré la veste molletonnée, le froid leur glace les pieds et les mains, le visage violacé entouré d'un chèche passant par-dessus la casquette pour cacher les oreilles et serré autour du cou, ils attendent le ventre creux l'ordre de départ, après avoir plié bagage.
Certains grignotent un reste de pain, une pâte de fruit ou le contenu d'un sachet de sirop en poudre qu'ils sucent, c'est acide mais cela donne l'impression d'avoir quelque chose dans le ventre. Les camions de ravitaillement sont bloqués à quelques kilomètres de là, en bas. Dans la montée du col, nous décrochons pour tenter de rejoindre le convoi bloqué, envasé dans un bourbier de piste rendue inutilisable par les trombes d'eau qui se sont abattues dans la région.
C'est avec un vent glacial qui souffle en rafale et nous gèle les os que nous entreprenons la descente afin de prendre contact avec les GMC immobilisés plus bas.
La piste, au fur et à mesure, se transforme en une mélasse de neige, de glace et de boue. Nous sommes à 800 mètres d'altitude, la marche est pénible dans la descente de la piste mais nous savons que le ravitaillement nous attend. Nous trouvons assez de ressource et d'énergie pour avancer. Un mot d'ordre est passé dans la colonne : pas de camions au rendez-vous ! Ils n'ont pas pu passer !.
C'est la consternation générale. Bientôt nous apercevons 4 jeeps qui réussissent à grimper sur la piste impraticable par endroits. Les véhicules chargés de caisses apportent la nourriture pour les compagnies restant sur le terrain.
Nous continuons notre descente qui devient moins périlleuse. Le vent s'est calmé et la température devient plus clémente ce qui ne rend pas moins pénible notre trajet. Les camions nous attendent à l'entrée des Gorges de la Chiffa , nous sommes suivis par la 2e compagnie du capitaine Planet, qui embarque comme nous dans les GMC, mais ce ne sont pas les bahuts du ravitaillement.
Ceux-là nous transportent pour fermer les talwegs aboutissant dans les gorges. L'affaire est sérieuse, les camions foncent pendant une trentaine de kilomètres sur cette route qui traverse les gorges où un oued impétueux coule dans le fond. Plus question de manger. Nos deux compagnies descendent sans les sacs pour courir plus vite. Les chefs de pelotons sont fébriles, les pelotons s'infiltrent par les hauteurs au pas de course, il est 17 heures, nous bouclons un immense talweg, tout de suite je m'aperçois du sérieux de l'affaire: les fellaghas sont dans la nasse. La voltige avance avec prudence .
L'engagement est brutal, une fusillade devant moi stoppe les équipes de voltigeurs. Les rebelles sont pris au piège. ceux que nous avons cherchés durant plusieurs jours sont accrochés depuis 6 heures ce matin par une compagnie du 6e RAC qui compte deux morts et plusieurs blessés dans leurs rangs dans cet engagement sérieux et meurtrier.
A SUIVRE................
junker- Messages : 496
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Combat dans les gorges de La Chiffa Algérie avril 1957
Nous prenons l'opération à notre compte, l'encerclement du ravin couvert de forte végétation est en cours. C'est une véritable jungle dans cet immense talweg qui n'a plus rien à voir avec l'enfer que nous avons vécu durant deux jours.Il fait presque chaud dans ce fond d'oued, des arbres, lauriers roses, lentisque parmi les rochers recouvrent tous les fonds où coule une eau vive descendant de la montagne. J'apprends que des officiers supérieurs observent le déroulement des combats qui se déroulent sous leurs yeux depuis les hauteurs (2) .
Notre progression est stoppée, un tir de barrage effectué par la compagnie d'appui du capitaine Chabanne se fait entendre, toutes les pièces sont de la partie : les canons de 75 sans recul, les mortiers de 81 et de 60 donnent de la voix. Que de grondement et d'explosions juste devant nous ! Plaqués au sol, nous attendons la fin du tir de barrage, les lance-grenades balancent leurs charges creuses dans la végétation pour faire du volume. Un obus de mortier de 50 tombe à mètres de ma position, nous rentrons la tête dans le sol ; ils sont fous de tirer si près !.
Ce tir nous a été bénéfique, une infiltration des fellaghas sur notre position avait été détectée par la CA qui nous a balancé ce pelo (obus) pour stopper les rebelles. L'assaut se déclenche dans un feu nourri, la voltige grenade et rafale en avançant. Imperturbable les chefs de groupes et de pelotons montrent l'exemple. La végétation dissimule les rebelles, les MAT 49, MAS 36, MAS 51 sont de la partie, couvert par les FM 24/29 qui malgré leur vieillesse font merveilles.
Les rebelles bien armés se dévoilent, ils sont par petits groupes bien embusqués dans les rochers et les tirs de mortiers n'ont pas affecté leur ardeur au combat. L'assaut est de nouveau stoppé et un tir de mortier par la CA est demandé à la radio. Le matraquage recommence pendant plusieurs minutes et c'est l'assaut de la 2e compagnie en gueulant, ils "en ont" les gars : chapeau la 2e !.
Par bonds, les paras lancent les grenades en avançant d'un bond, explosions et rafales et cela recommence.. Je suis un peu plus en surplomb du combat qui se déroule sous mes yeux. Mon groupe voltige avec le sergent Robitaille descend pas très loin des rebelles qui tirent dans notre direction. Nous lui passons nos grenades qu'il lance en contre-bas. Victor Angot fait du tir tendu avec son LG passé tireur au FM, j'envoie des rafales dans la végétation qui tressaille sous les impacts de projectiles, c'est la 1er fois que je tire à la hanche, il faut bien bloquer les jambes, sinon c'est la chute sur le cul. Des renfoncements et des cavités font de bonnes protections aux rebelles, je les fixe par des tirs lesempêchant de remonter par les pentes du ravin.
Soudain Derviaud de l'autre équipe est touché à la poitrine, il s'écroule à 30 mètres de moi, les rebelles sortent de leurs abris et montent à l'assaut en gueulant, ils essaient de passer à travers le barrage de feu. A son tour le sergent Robitaille s'écroule, une balle dans le ventre, une autre dans le bras. Les rebelles montent à l'assaut en hurlant des imprécations, la situation devient critique. Huart, le tireur FM du 2e peloton à la cuisse déchiquetée par une chevrotine,lles gars remontent les blessés sous les balles qui sifflent aux oreilles. J'entends les gars hurler des ordres où lancer des appels de reconnaissance pour ne pas s'entretuer dans ce combat en aveugle.
Le combat sauvage fait rage, les gars de la 2e compagnie en arrivent parfois au corps à corps, c'est un immense champ de bataille où tout le monde s'entretue, je ne sais plus où tirer, les rebelles qui montaient à l'assaut de notre positon sont mrts ou blessés, le rouleau compresseur des sections d'assaut est impressionnant, ils sont battus par la furia des "lézards vert". La bataille diminue en intensité et se dissipe dans les fonds de l'oued, les combattant du FLN sont éliminés inexorablement dans l'avancée des sections au combat.
Nous sommes avec le sous-lieutenant Michel notre chef de peloton soudé dans une idée ; pas un ne passera !
Un rebelle qui doit avoir la baraka s'enfuit en sautant de roche en roche, dépassant du cours d'eau, sous un feu intense, je vois les impacts l'encadrer sans le toucher, les éclats de pierres sautent autour de lui sans l'atteindre, il en réchappera . L'eau de l'oued est rouge de sang. J'ai vidé 3 boites chargeurs, je suis maintenant dans le fond de l'oued; des coups de feu résonnent encore de loin en loin, il y a des corps en bouillie partout, déchiquetés par les tir d'artillerie.
Nous remontons les armes trouvées, il y a de tout: fusils de chasse, Mauzer, Thomson, PM ,MAS 36, 303 anglais, 1 FM 24/29, des jumelles, des documents. Un combattant FLN sérieusement blessé au bras et épuisé par le combat se rend, ce sera le seul. Le bilan de cette bataille est de 43 rebelles tués. Chez nous : 1 mort et 4 blessés.
Il est 1 heure du matin quand nous rejoignons les camions, le ravitaillement se trouve au col de Chréa . Nous y sommes à 2h30 à 1500 mètres d'altitude. Je suis de mauvaise humeur car je n'ai rien dans le ventre depuis ce matin, heureusement qu'un repas chaud nous attend demandé par "Bruno"; cala nous met du baume à l'âme, je ne sais quel service a préparé le repas mais il est excellent et bienvenu, nous oublions vite nos fatigues. Le repas terminé, nous repartons en GMC pour un trajet de cinq kilomètres où nous sommes hébergés dans une colonie de vacances, de la paille nous est fournie pour mettre sur le sol carrelé, dehors quinze centimètres de neige recouvre le paysage.
Nous avons des têtes méconnaissables par la boue et la transpiration. notre premier boulot sera de nous décrasser ou tout au moins d'enlever le plus gros de la saleté nous recouvrant le corps, on verra après un bon sommeille un lavage plus minutieux de notre personne en revenant à notre base !!



junker- Messages : 496
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Re: Combat dans les gorges de La Chiffa Algérie avril 1957
Redoutable calibre que ces mausers empilés ...
Les blessés s'en sont tirés ? Derviaud est celui de la 2° photo je suppose
Très vivant et poignant récit , au ras des pâquerettes , comme on aime ! Un assaut , dans le monde militaire , est un moment exceptionnel de bravoure ...
Merci Gus !
Les blessés s'en sont tirés ? Derviaud est celui de la 2° photo je suppose
Très vivant et poignant récit , au ras des pâquerettes , comme on aime ! Un assaut , dans le monde militaire , est un moment exceptionnel de bravoure ...
Merci Gus !
66-2B- Histoire et Mémoire
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Date d'inscription : 28/09/2020
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Re: Combat dans les gorges de La Chiffa Algérie avril 1957
Je ne pense pas, car il y avait pas de photographe sur ce coup, les photos sont d'opérations similaires, qui sans être des bataille rangées, se sont montrées être très couteuses en hommes !! En 3 ans d'engagement le "3" a remanié plus du tiers de ses effectifs !!!!
junker- Messages : 496
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