JACQUES CHIRAC
JACQUES CHIRAC
De 1956 à 1957, juste après son mariage, il effectue son service militaire, et il est classé huitième à l'École de la Cavalerie de Saumur.
On lui refuse cependant le grade d'officier (il est affecté tout d'abord comme soldat de deuxième classe dans un régiment en Bretagne) en raison de son passé communisant et il faut l'intervention des relations de la famille Chodron de Courcel (le général Kœnig) pour l'obtenir. Il en sort donc finalement comme sous-lieutenant de cavalerie.
En tant qu'élève de l'ENA, il aurait pu éviter de faire la guerre d'Algérie (pendant 18 mois), mais il se porte volontaire et il est affecté, à partir du 1er avril 1956, au 11e puis 6e régiment de chasseurs d'Afrique, en poste à Souk-el-Arba dans le département de Tlemcen.
Au cours de son service, il est blessé au visage, puis promu lieutenant au début de l'année 1957. Il est libéré de son service le 3 juin 1957. Partisan de l'Algérie française, Jacques Chirac explique qu'il n'est devenu gaulliste qu'en 1958.

Invité- Invité
Re: JACQUES CHIRAC
Un article du Monde écrit à l’occasion de son passage en Algérie en mars 2003 :

Chirac l'Algérien
(1er mars 2003 Raphaëlle Bacqué et Florence Beaugé )
Deux courts extraits :
"…A la tête d'un peloton de 32 hommes du 3e escadron, chacun a déjà remarqué un jeune sous-lieutenant. Un grand garçon qui porte crânement le chapeau de brousse sur la nuque. Jacques Chirac a 23 ans, et ses supérieurs savent déjà que ce jeune homme qui a été reçu à l'ENA à l'automne 1954 avant d'effectuer l'école des officiers de Saumur, dont il est sorti major, a refusé la proposition que fait l'armée à tous les jeunes gens qui peuvent arguer de ce genre de diplômes : échapper à l'Algérie pour un confortable poste à l'état-major français de Berlin, où l'on a besoin d'un interprète de russe, langue que Jacques Chirac a justement apprise. Presque tous les officiers qu'il a croisés à Saumur ont d'ailleurs fait le même choix que lui. Comment auraient-ils pu "lâcher" leur régiment en partance pour l'Algérie française ? Le 17 mars, quelques jours avant de partir, le sous-lieutenant Chirac a épousé Bernadette Chodron de Courcel. Et son capitaine, Henry Pechereau, que Jacques Chirac a invité à la cérémonie du mariage, a compris dans quel milieu social son subordonné venait d'entrer. Mais, pour les hommes qu'il dirige, le sous lieutenant Chirac est d'abord un type chaleureux, qui marche à grandes enjambées, et paraît proche de chacun. Un officier qui, selon les souvenirs de son radio de l'époque, William, "dormait dans une mechta désaffectée pendant que nous étions sous la tente, mais faisait les corvées de peluche avec nous, près de la roulante". C'est aussi un enthousiaste de l'armée. "Un bon sous-lieutenant qui raisonnait sainement, affirme Edouard de Pommereau, et ce n'était pas inutile. Car l'encadrement de l'armée n'avait pas la valeur que nous avions pu connaître en Indochine et beaucoup étaient inexpérimentés..."
………..
« … Lorsqu'il est libéré, le 3 juin 1957, le sous-lieutenant Chirac est pourtant franchement Algérie française. Sur le chemin du retour vers Paris, il a appris que le gouvernement de Guy Mollet a été renversé, mais il n'a aucun doute sur l'issue positive de la crise algérienne. Ses supérieurs, anciens d'Indochine, ont maintes fois affirmé devant lui qu'ils sauraient, cette fois, tirer parti de l'expérience de leur défaite face à une guerre d'indépendance. Même ceux qui, à l'instar d'Edouard de Pommereau, ont vécu comme un traumatisme le lâchage par le gouvernement français des supplétifs vietnamiens croient que les choses ne se reproduiront pas avec les harkis. Chirac est aussi un "fana-mili" qui a trouvé en Algérie le goût de l'aventure.
Lors d'une permission de son commandant (officiers et soldats bénéficient d'environ trois permissions de quinze jours par an), il a pris le commandement de l'escadron et a obtenu une citation, le 25 avril 1957. Enfin, il semble qu'il ait été réellement séduit par ce monde arabe auquel il croit sincèrement que la France peut apporter le progrès. Jacques Chirac explicitera ses sentiments d'alors dans un entretien à Paris Match, le 24 février 1978 : " Pour moi, l'Algérie a été la période la plus passionnante de mon existence. (...) Pendant de longs mois, j'ai eu une vie passionnante et enthousiasmante, mais détachée de tous les éléments qui pouvaient alimenter une réflexion politique. Si bien que pour moi, le problème algérien se situait dans un contexte très particulier. On nous avait dit que nous étions là pour la bonne cause, et nous ne remettions pas cela en question. (...) Je savais qu'il y avait un gouvernement socialiste. Ce n'était pas, en réalité, mon problème à l'époque, et cela ne suscitait pas chez moi de réactions. (...) Pour moi, et contrairement à ce que l'on peut penser, ce fut un moment de très grande liberté, et probablement un des seuls moments où j'aie eu le sentiment d'avoir une influence directe sur le cours des choses. Parce qu'il y allait de la vie d'hommes qui étaient sous mes ordres et donc c'est le seul moment où j'aie eu le sentiment de commander…"

Chirac l'Algérien
(1er mars 2003 Raphaëlle Bacqué et Florence Beaugé )
Deux courts extraits :
"…A la tête d'un peloton de 32 hommes du 3e escadron, chacun a déjà remarqué un jeune sous-lieutenant. Un grand garçon qui porte crânement le chapeau de brousse sur la nuque. Jacques Chirac a 23 ans, et ses supérieurs savent déjà que ce jeune homme qui a été reçu à l'ENA à l'automne 1954 avant d'effectuer l'école des officiers de Saumur, dont il est sorti major, a refusé la proposition que fait l'armée à tous les jeunes gens qui peuvent arguer de ce genre de diplômes : échapper à l'Algérie pour un confortable poste à l'état-major français de Berlin, où l'on a besoin d'un interprète de russe, langue que Jacques Chirac a justement apprise. Presque tous les officiers qu'il a croisés à Saumur ont d'ailleurs fait le même choix que lui. Comment auraient-ils pu "lâcher" leur régiment en partance pour l'Algérie française ? Le 17 mars, quelques jours avant de partir, le sous-lieutenant Chirac a épousé Bernadette Chodron de Courcel. Et son capitaine, Henry Pechereau, que Jacques Chirac a invité à la cérémonie du mariage, a compris dans quel milieu social son subordonné venait d'entrer. Mais, pour les hommes qu'il dirige, le sous lieutenant Chirac est d'abord un type chaleureux, qui marche à grandes enjambées, et paraît proche de chacun. Un officier qui, selon les souvenirs de son radio de l'époque, William, "dormait dans une mechta désaffectée pendant que nous étions sous la tente, mais faisait les corvées de peluche avec nous, près de la roulante". C'est aussi un enthousiaste de l'armée. "Un bon sous-lieutenant qui raisonnait sainement, affirme Edouard de Pommereau, et ce n'était pas inutile. Car l'encadrement de l'armée n'avait pas la valeur que nous avions pu connaître en Indochine et beaucoup étaient inexpérimentés..."
………..
« … Lorsqu'il est libéré, le 3 juin 1957, le sous-lieutenant Chirac est pourtant franchement Algérie française. Sur le chemin du retour vers Paris, il a appris que le gouvernement de Guy Mollet a été renversé, mais il n'a aucun doute sur l'issue positive de la crise algérienne. Ses supérieurs, anciens d'Indochine, ont maintes fois affirmé devant lui qu'ils sauraient, cette fois, tirer parti de l'expérience de leur défaite face à une guerre d'indépendance. Même ceux qui, à l'instar d'Edouard de Pommereau, ont vécu comme un traumatisme le lâchage par le gouvernement français des supplétifs vietnamiens croient que les choses ne se reproduiront pas avec les harkis. Chirac est aussi un "fana-mili" qui a trouvé en Algérie le goût de l'aventure.
Lors d'une permission de son commandant (officiers et soldats bénéficient d'environ trois permissions de quinze jours par an), il a pris le commandement de l'escadron et a obtenu une citation, le 25 avril 1957. Enfin, il semble qu'il ait été réellement séduit par ce monde arabe auquel il croit sincèrement que la France peut apporter le progrès. Jacques Chirac explicitera ses sentiments d'alors dans un entretien à Paris Match, le 24 février 1978 : " Pour moi, l'Algérie a été la période la plus passionnante de mon existence. (...) Pendant de longs mois, j'ai eu une vie passionnante et enthousiasmante, mais détachée de tous les éléments qui pouvaient alimenter une réflexion politique. Si bien que pour moi, le problème algérien se situait dans un contexte très particulier. On nous avait dit que nous étions là pour la bonne cause, et nous ne remettions pas cela en question. (...) Je savais qu'il y avait un gouvernement socialiste. Ce n'était pas, en réalité, mon problème à l'époque, et cela ne suscitait pas chez moi de réactions. (...) Pour moi, et contrairement à ce que l'on peut penser, ce fut un moment de très grande liberté, et probablement un des seuls moments où j'aie eu le sentiment d'avoir une influence directe sur le cours des choses. Parce qu'il y allait de la vie d'hommes qui étaient sous mes ordres et donc c'est le seul moment où j'aie eu le sentiment de commander…"
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