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Nous avons 506 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est POUPARDIN
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Interlude avec le 35ème RAC
Interlude avec le 35ème RAC
Une pause ?

Cette histoire n’a pas grand-chose à voir avec le 35ème RAC.
Un tout petit peu quand même…
Comme on arrive lentement à la fin des différents JMO, je me suis dit que je pouvais me permettre une petite diversion.
Une diversion qui concerne une « petite histoire »… d’un homme et d’un canon de la grande guerre. Et cette histoire est bien réelle... Si, si je vous assure. Elle m’a été rapportée par des personnes avec lesquelles j’ai travaillé pendant quelques années…
Histoire de l’homme qui inventa un canon dont personne ne voulait.
Il était une fois un gars…
Non, je ne peux pas commencer comme ça, c’est quand même une histoire sérieuse.
Commençons doucement, tout doucement comme dans la chanson.
Alors disons qu’un jour, il y a longtemps, je me suis retrouvé dans un bureau. Jusque là rien de très original. Nous avons été nombreux à passer dans un bureau.
La particularité était que je venais de quitter l’uniforme. Vous savez avec des rangers, un béret ou un képi on passe très peu de temps assis sur une chaise derrière une table.
Alors, quand vous commencez à y passer des journées entières sans faire de sport ou de marche à pieds… harcelé par un téléphone ça use autre chose que les souliers.
D’abord, il faut commencer par oublier de se présenter au garde à vous et de saluer son supérieur. J’y étais arrivé…
Ce supérieur était un homme qui avait créé sa « boîte » tout seul et j’étais son adjoint direct.
Il s’appelait Jean François Archer et on le surnommait affectueusement « pépé ». Pas trop fort car il entendait bien. Il aimait manger de bonnes choses, fumer et inventer de nouveaux produits…
A son contact, j’ai appris beaucoup de choses mais ce n’est pas trop le sujet aujourd’hui.
Alors je vais me contenter d’un raccourci.
C’était un homme qui avait quelques décorations comme la Légion d’honneur qu’il ne portait pas. Il avait terminé la guerre en 1945 en accompagnant des officiers américains de l’OSS
attachés à la 7e Armée US : Bill Casey, Gil Rust et Henry Hyde, qui seront plus tard les directeurs de la CIA, héritière de l’OSS…
Sixième d’une famille de dix enfants, il mériterait une histoire à lui tout seul mais ce n’est toujours pas le sujet aujourd’hui.
Vous voyez c’est comme dans les séries télévisée, je maintiens le suspense…
C’est de son père que je voudrais parler.
Son père, Joseph Archer né à Charolles en 1883, était ainsi caractérisé par ses propres enfants : «Un génie 100 ans en avance, des principes 100 ans en arrière ».

Avec son frère, il « bénéficie » d’une éducation très spartiate. Leur mère endurcit ses deux garçons en les faisant marcher pieds nus dans la neige…
Intelligent et travailleur, il fait l’Ecole des Mines pour devenir ingénieur. Esprit en alerte, curieux de tout, il est passionné de mécanique comme beaucoup d’ingénieurs de cette époque.
Mobilisé dans l’infanterie en 1914, il passe la Grande Guerre à se battre contre l’Etat-major de l’Armée pour faire accepter ses idées pertinentes afin de terminer victorieusement ce conflit qui s’enlisait. Le sergent Archer propose en effet de remplacer le petit canon de tranchée de 58 mm qui était lent, imprécis et facilement repérable par un canon de 85 mm de son invention, aisé à déplacer, peu coûteux, très précis et surtout dix fois plus rapide.

La conception de cette pièce d'artillerie était révolutionnaire à plus d'un titre.
Le canon se chargeait par la bouche. En utilisant une charge de poudre faible mais soigneusement calculée couplée à des projectiles munis d'ailettes on obtenait une trajectoire courbe qui permettait aux obus de plonger dans les tranchées assurant en même temps la destruction des occupants et du système de défense, quelque soit le nombre de lignes. Les portées volontairement réduites alliées à la vitesse de tir permettaient une très grande précision et éliminaient tout risque de repérage et donc de réaction. Cette arme facile à déplacer était destinée à accompagner en rangs serrés l'Infanterie qui pouvait ainsi s'assurer le contrôle total du front.
Son challenger, un mortier que les services de l'Armement étudiaient déjà, fut mis en service sous le surnom du Crapouillot. Doté d'un fort pouvoir destructeur, il n'avait pas la même maniabilité et disposait d’une précision inférieure.



Schémas, règlement et même concours de tirs tout était prévu !
Et pourtant le « Canon Archer » testé avec succès dès 1915, ne sera mis en production que le 18 août 1917, date où Clémenceau en ordonne la fabrication. Mais seuls 300 exemplaires sont mis en service. Ils sont utilisés lors de l’offensive du 15 juillet 1918.
A titre d’anecdote, mon chef d’atelier de 1975, tout jeune à l’époque, l’avait accompagné lors de ses présentations de matériel devant les commissions qui refusaient régulièrement son canon. Il parait que ces séances étaient épiques et dignes d’un film de Charlot. Inlassablement, il présentait dossiers sur dossiers. Son projet étant refusé, on forçait Joseph Archer qui ne voulait pas partir à quitter la salle. Et il revenait en passant par la fenêtre ! L’évacuation se faisait alors « manu militari ».
Cet homme était un original têtu et un inventeur de génie.
Dès mai 1915, il propose une automitrailleuse capable de soutenir l’infanterie en franchissant les tranchées et en transportant rapidement les troupes. Mais on lui préférera des engins à chenilles…
Après la guerre, il met au point une centrale électrique pour électrifier les fermes de son canton. A partir de barrages sur les ruisseaux, il amène l’eau à ses fermes avec une pompe de son invention.
Pour fabriquer du charbon de bois il développe des systèmes pour récolter, transporter et découper le bois.
Il invente un gazogène révolutionnaire dont il équipe un véhicule en lui assurant une autonomie de 2000 kilomètres… (Oui 2000 kilomètres).

Il invente le gyrophare…
La Paix dans le monde était son obsession, avec la recherche des moyens économiques, politiques et militaires de nature à l’établir durablement. Vaste programme qui fit de lui la risée de ses contemporains. Pourtant, il proposait tout simplement de créer une Fédération d'Etats Européens et il avait même créé à cet effet une monnaie mise en circulation sous l'appellation d'Europa et basée sur le travail et non plus sur l'or. Billets et pièces d'argent et de bronze soutenus par ses propres deniers ont circulé, mais il aura fallu plus de 40 ans pour que ces idées soient reprises sans un mot le concernant…

Je pense que cet homme méritait quelques lignes.
Inventeur original, esprit en avance sur son temps, il n’a pas toujours fait l’unanimité dans sa famille…
Ses idées, ses inventions et ses essais coutaient beaucoup d’argent.
Un de ses fils a été mon PDG pendant plusieurs années.
Pendant la crise pétrolière des années 1980, il avait fait équiper une camionnette avec un gazogène afin d’assurer la liaison avec l’usine de fabrication que nous avions dans la Nièvre !
Equipé d’un gazogène conforme aux plans de son père, ce véhicule a vu le jour et fonctionnait parfaitement.
Digne fils de son père ? On l’avait pris pour un illuminé… Et pourtant.

Voila, ma « diversion » se termine ici.
C’était quand même - un peu - une histoire de canon non ?
Bon, d’accord un canon d’infanterie mais Briselance ne m’en voudra pas…
(Inspiré de souvenirs, de divers textes de docplayer, "Les Amognes" etc.)

Cette histoire n’a pas grand-chose à voir avec le 35ème RAC.
Un tout petit peu quand même…
Comme on arrive lentement à la fin des différents JMO, je me suis dit que je pouvais me permettre une petite diversion.
Une diversion qui concerne une « petite histoire »… d’un homme et d’un canon de la grande guerre. Et cette histoire est bien réelle... Si, si je vous assure. Elle m’a été rapportée par des personnes avec lesquelles j’ai travaillé pendant quelques années…
Histoire de l’homme qui inventa un canon dont personne ne voulait.
Il était une fois un gars…
Non, je ne peux pas commencer comme ça, c’est quand même une histoire sérieuse.
Commençons doucement, tout doucement comme dans la chanson.
Alors disons qu’un jour, il y a longtemps, je me suis retrouvé dans un bureau. Jusque là rien de très original. Nous avons été nombreux à passer dans un bureau.
La particularité était que je venais de quitter l’uniforme. Vous savez avec des rangers, un béret ou un képi on passe très peu de temps assis sur une chaise derrière une table.
Alors, quand vous commencez à y passer des journées entières sans faire de sport ou de marche à pieds… harcelé par un téléphone ça use autre chose que les souliers.
D’abord, il faut commencer par oublier de se présenter au garde à vous et de saluer son supérieur. J’y étais arrivé…
Ce supérieur était un homme qui avait créé sa « boîte » tout seul et j’étais son adjoint direct.
Il s’appelait Jean François Archer et on le surnommait affectueusement « pépé ». Pas trop fort car il entendait bien. Il aimait manger de bonnes choses, fumer et inventer de nouveaux produits…
A son contact, j’ai appris beaucoup de choses mais ce n’est pas trop le sujet aujourd’hui.
Alors je vais me contenter d’un raccourci.
C’était un homme qui avait quelques décorations comme la Légion d’honneur qu’il ne portait pas. Il avait terminé la guerre en 1945 en accompagnant des officiers américains de l’OSS
attachés à la 7e Armée US : Bill Casey, Gil Rust et Henry Hyde, qui seront plus tard les directeurs de la CIA, héritière de l’OSS…
Sixième d’une famille de dix enfants, il mériterait une histoire à lui tout seul mais ce n’est toujours pas le sujet aujourd’hui.
Vous voyez c’est comme dans les séries télévisée, je maintiens le suspense…
C’est de son père que je voudrais parler.
Son père, Joseph Archer né à Charolles en 1883, était ainsi caractérisé par ses propres enfants : «Un génie 100 ans en avance, des principes 100 ans en arrière ».

Avec son frère, il « bénéficie » d’une éducation très spartiate. Leur mère endurcit ses deux garçons en les faisant marcher pieds nus dans la neige…
Intelligent et travailleur, il fait l’Ecole des Mines pour devenir ingénieur. Esprit en alerte, curieux de tout, il est passionné de mécanique comme beaucoup d’ingénieurs de cette époque.
Mobilisé dans l’infanterie en 1914, il passe la Grande Guerre à se battre contre l’Etat-major de l’Armée pour faire accepter ses idées pertinentes afin de terminer victorieusement ce conflit qui s’enlisait. Le sergent Archer propose en effet de remplacer le petit canon de tranchée de 58 mm qui était lent, imprécis et facilement repérable par un canon de 85 mm de son invention, aisé à déplacer, peu coûteux, très précis et surtout dix fois plus rapide.

La conception de cette pièce d'artillerie était révolutionnaire à plus d'un titre.
Le canon se chargeait par la bouche. En utilisant une charge de poudre faible mais soigneusement calculée couplée à des projectiles munis d'ailettes on obtenait une trajectoire courbe qui permettait aux obus de plonger dans les tranchées assurant en même temps la destruction des occupants et du système de défense, quelque soit le nombre de lignes. Les portées volontairement réduites alliées à la vitesse de tir permettaient une très grande précision et éliminaient tout risque de repérage et donc de réaction. Cette arme facile à déplacer était destinée à accompagner en rangs serrés l'Infanterie qui pouvait ainsi s'assurer le contrôle total du front.
Son challenger, un mortier que les services de l'Armement étudiaient déjà, fut mis en service sous le surnom du Crapouillot. Doté d'un fort pouvoir destructeur, il n'avait pas la même maniabilité et disposait d’une précision inférieure.



Schémas, règlement et même concours de tirs tout était prévu !
Et pourtant le « Canon Archer » testé avec succès dès 1915, ne sera mis en production que le 18 août 1917, date où Clémenceau en ordonne la fabrication. Mais seuls 300 exemplaires sont mis en service. Ils sont utilisés lors de l’offensive du 15 juillet 1918.
A titre d’anecdote, mon chef d’atelier de 1975, tout jeune à l’époque, l’avait accompagné lors de ses présentations de matériel devant les commissions qui refusaient régulièrement son canon. Il parait que ces séances étaient épiques et dignes d’un film de Charlot. Inlassablement, il présentait dossiers sur dossiers. Son projet étant refusé, on forçait Joseph Archer qui ne voulait pas partir à quitter la salle. Et il revenait en passant par la fenêtre ! L’évacuation se faisait alors « manu militari ».
Cet homme était un original têtu et un inventeur de génie.
Dès mai 1915, il propose une automitrailleuse capable de soutenir l’infanterie en franchissant les tranchées et en transportant rapidement les troupes. Mais on lui préférera des engins à chenilles…
Après la guerre, il met au point une centrale électrique pour électrifier les fermes de son canton. A partir de barrages sur les ruisseaux, il amène l’eau à ses fermes avec une pompe de son invention.
Pour fabriquer du charbon de bois il développe des systèmes pour récolter, transporter et découper le bois.
Il invente un gazogène révolutionnaire dont il équipe un véhicule en lui assurant une autonomie de 2000 kilomètres… (Oui 2000 kilomètres).

Il invente le gyrophare…
La Paix dans le monde était son obsession, avec la recherche des moyens économiques, politiques et militaires de nature à l’établir durablement. Vaste programme qui fit de lui la risée de ses contemporains. Pourtant, il proposait tout simplement de créer une Fédération d'Etats Européens et il avait même créé à cet effet une monnaie mise en circulation sous l'appellation d'Europa et basée sur le travail et non plus sur l'or. Billets et pièces d'argent et de bronze soutenus par ses propres deniers ont circulé, mais il aura fallu plus de 40 ans pour que ces idées soient reprises sans un mot le concernant…

Je pense que cet homme méritait quelques lignes.
Inventeur original, esprit en avance sur son temps, il n’a pas toujours fait l’unanimité dans sa famille…
Ses idées, ses inventions et ses essais coutaient beaucoup d’argent.
Un de ses fils a été mon PDG pendant plusieurs années.
Pendant la crise pétrolière des années 1980, il avait fait équiper une camionnette avec un gazogène afin d’assurer la liaison avec l’usine de fabrication que nous avions dans la Nièvre !
Equipé d’un gazogène conforme aux plans de son père, ce véhicule a vu le jour et fonctionnait parfaitement.
Digne fils de son père ? On l’avait pris pour un illuminé… Et pourtant.

Voila, ma « diversion » se termine ici.
C’était quand même - un peu - une histoire de canon non ?
Bon, d’accord un canon d’infanterie mais Briselance ne m’en voudra pas…
(Inspiré de souvenirs, de divers textes de docplayer, "Les Amognes" etc.)
LANG- ADMINISTRATEUR
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Date d'inscription : 09/12/2018
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Re: Interlude avec le 35ème RAC
J'ai retrouvé le livre sur un site de vente de livre à 6,5 Euros, je vais l'acheter !!!
junker- Messages : 496
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