1940 Le début d’un confinement ?
1940 Le début d’un confinement ?
Quelques mots inspirés par la lecture de l’article du 10 mai 1940.
Pour se promener un peu dans le temps à travers certaines images et quelques livres. Un temps éphémère, versatile qui nous aide à passer les minutes. Mais un temps bluffeur comme une partie de poker où l’on passe son temps à regarder ses cartes et regretter l’as ou le valet que l’on n’a pas…
Avec le 15 mai 1940, la percée de Sedan, c’est la panique qui s’est emparée de notre pays. Une panique qui a précédée l’inquiétude devant cette nouvelle période qui s’ouvre.
Une sorte de confinement allait s’abattre sur la France.
Comment en était-on arrivé là ?
J’avais été passionné par cette période il y a quelques années.
Gamelin et son plaidoyer « Servir » en deux tomes m’avait désespéré : une suite de chiffres, d’arguments, d’explications… Pour me convaincre que nous n’étions pas les plus forts…
Les deux tomes ont été victimes d’un déménagement… Je n’ai pas eu la possibilité de relire quelques lignes d’un passé que ce général avait recomposé.
Et puis, vaincus, comment avons-nous fait pour vivre ? Comment ont fait nos parents ? Car c’était hier, et nous avons entendu parler nos parents de cette mise « en confinement ». Ainsi que de ce qui allait suivre : les restrictions, le marché noir, la résistance, les arrestations…
Mais tout avait commencé avec le beau temps d’un mois de mai…
Un vieux livre, sauvegardé malgré les nombreux déménagements était encore dans ma bibliothèque.
Il commence ainsi :
« La Concorde silencieuse et nue étincelle sous le ciel gris.
Une chaleur tropicale ralentit la marche des piétons qui débouchent des Champs-Elysées, juste pour voir, alignés devant le ministère de la Marine, les camions que l’on a gorgés d’archives pendant la nuit.
Au coin de l’hôtel Talleyrand dont le baron Edouard de Rothschild a clos les volets depuis des semaines, un agent, le fusil en bandoulière, attend son parachutiste, tandis qu’une antique folle crie ses journaux dans ce désert. La pression ennemie s’accentue au bord de l’Aisne et de la Bresle.
Paris réalise mal l’effrayante nouveauté de la guerre : avec toute la France, le béton Maginot l’a endormi. Cette fameuse sécurité qui obséda les vainqueurs de Versailles, il y a cru, hier encore il y croyait. Une sorte d’indolence, de sottise, d’oubli, a sapé le peuple le plus vif de la terre auquel ses maîtres songeaient seulement à plaire. ..
L’apparition au communiqué de quelques noms normands trouble les anciens combattants de 1914, mais l’ennemi a-t-il occupé Noyon ? S’y trouverait-il d’ailleurs, rien ne serait perdu, puisque dans l’autre guerre Noyon fut des mois entre ses mains sans que Paris risquât d’être investi.
« Que l’on creuse la première tranchée et Hitler n’existe plus » disent de braves gens enlisés dans le passé… »
Maurice Martin du Gard : La Chronique de Vichy 1940 – 1944
Le coup était dur.
Le confinement qui s’annonçait devait durer quatre longues années…
Et les cadets de Saumur !
J’ai repensé à ce général Feldt qui saluait les cadets du haut de son cheval.
J’aurais bien vu un certain Ernst Jünger au bord de cette route.
L’homme des « Orages d’Acier », un peu confiné à Paris, nous aurait écrit quelques mots…
« … nous courions derrière les chars de Guderian. …
Il y eu alors une espèce de rémission pendant l’avance en France, avec la réussite du Blitzkrieg. Je me suis dit que tout se passait beaucoup mieux que je ne l’avais pensé. Je m’imaginais alors, tout comme certains Anglais se l’imaginaient de l’autre côté, que nous allions nous entendre.
Nous avions fait prisonniers des officiers français avec lesquels je discutais : « Vous nous prendrez l’Alsace, mais il faut nous laisser la Lorraine ».
En défilant devant nous, ces interminables colonnes de prisonniers criaient toujours : « La paix ! La paix ! ». Et je répondais ; « Ca viendra, ça viendra – elle est signée ! » Ils n’avaient qu’un seul désir : la paix !.
Mais Churchill a réduit leurs espérances à néant.
C’est ensuite que les choses se sont envenimées. Je me suis dit alors que j’avais quand même eu raison : ce n’était donc qu’une rémission, comme il arrive dans les maladies… »
Entretiens avec Ernst Jünger de Julien Hervier
Une époque terrible commençait.
Le confinement révèle des faces cachées. Parfois, elles ne sont pas belles à voir mais heureusement d’autres sont lumineuses…
Dans un entretien avec Bernard Pivot en 1981, Ernst Jünger avait parlé « d'un Salut par l’écriture… ».
Pour se promener un peu dans le temps à travers certaines images et quelques livres. Un temps éphémère, versatile qui nous aide à passer les minutes. Mais un temps bluffeur comme une partie de poker où l’on passe son temps à regarder ses cartes et regretter l’as ou le valet que l’on n’a pas…
Avec le 15 mai 1940, la percée de Sedan, c’est la panique qui s’est emparée de notre pays. Une panique qui a précédée l’inquiétude devant cette nouvelle période qui s’ouvre.
Une sorte de confinement allait s’abattre sur la France.
Comment en était-on arrivé là ?
J’avais été passionné par cette période il y a quelques années.
Gamelin et son plaidoyer « Servir » en deux tomes m’avait désespéré : une suite de chiffres, d’arguments, d’explications… Pour me convaincre que nous n’étions pas les plus forts…
Les deux tomes ont été victimes d’un déménagement… Je n’ai pas eu la possibilité de relire quelques lignes d’un passé que ce général avait recomposé.
Et puis, vaincus, comment avons-nous fait pour vivre ? Comment ont fait nos parents ? Car c’était hier, et nous avons entendu parler nos parents de cette mise « en confinement ». Ainsi que de ce qui allait suivre : les restrictions, le marché noir, la résistance, les arrestations…
Mais tout avait commencé avec le beau temps d’un mois de mai…
Un vieux livre, sauvegardé malgré les nombreux déménagements était encore dans ma bibliothèque.
Il commence ainsi :
« La Concorde silencieuse et nue étincelle sous le ciel gris.
Une chaleur tropicale ralentit la marche des piétons qui débouchent des Champs-Elysées, juste pour voir, alignés devant le ministère de la Marine, les camions que l’on a gorgés d’archives pendant la nuit.
Au coin de l’hôtel Talleyrand dont le baron Edouard de Rothschild a clos les volets depuis des semaines, un agent, le fusil en bandoulière, attend son parachutiste, tandis qu’une antique folle crie ses journaux dans ce désert. La pression ennemie s’accentue au bord de l’Aisne et de la Bresle.
Paris réalise mal l’effrayante nouveauté de la guerre : avec toute la France, le béton Maginot l’a endormi. Cette fameuse sécurité qui obséda les vainqueurs de Versailles, il y a cru, hier encore il y croyait. Une sorte d’indolence, de sottise, d’oubli, a sapé le peuple le plus vif de la terre auquel ses maîtres songeaient seulement à plaire. ..
L’apparition au communiqué de quelques noms normands trouble les anciens combattants de 1914, mais l’ennemi a-t-il occupé Noyon ? S’y trouverait-il d’ailleurs, rien ne serait perdu, puisque dans l’autre guerre Noyon fut des mois entre ses mains sans que Paris risquât d’être investi.
« Que l’on creuse la première tranchée et Hitler n’existe plus » disent de braves gens enlisés dans le passé… »
Maurice Martin du Gard : La Chronique de Vichy 1940 – 1944
Le coup était dur.
Le confinement qui s’annonçait devait durer quatre longues années…
Et les cadets de Saumur !
J’ai repensé à ce général Feldt qui saluait les cadets du haut de son cheval.
J’aurais bien vu un certain Ernst Jünger au bord de cette route.
L’homme des « Orages d’Acier », un peu confiné à Paris, nous aurait écrit quelques mots…
« … nous courions derrière les chars de Guderian. …
Il y eu alors une espèce de rémission pendant l’avance en France, avec la réussite du Blitzkrieg. Je me suis dit que tout se passait beaucoup mieux que je ne l’avais pensé. Je m’imaginais alors, tout comme certains Anglais se l’imaginaient de l’autre côté, que nous allions nous entendre.
Nous avions fait prisonniers des officiers français avec lesquels je discutais : « Vous nous prendrez l’Alsace, mais il faut nous laisser la Lorraine ».
En défilant devant nous, ces interminables colonnes de prisonniers criaient toujours : « La paix ! La paix ! ». Et je répondais ; « Ca viendra, ça viendra – elle est signée ! » Ils n’avaient qu’un seul désir : la paix !.
Mais Churchill a réduit leurs espérances à néant.
C’est ensuite que les choses se sont envenimées. Je me suis dit alors que j’avais quand même eu raison : ce n’était donc qu’une rémission, comme il arrive dans les maladies… »
Entretiens avec Ernst Jünger de Julien Hervier
Une époque terrible commençait.
Le confinement révèle des faces cachées. Parfois, elles ne sont pas belles à voir mais heureusement d’autres sont lumineuses…
Dans un entretien avec Bernard Pivot en 1981, Ernst Jünger avait parlé « d'un Salut par l’écriture… ».
LANG- Messages : 923
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Age : 79
Localisation : Yonne
Le début d'un confinement
Nous n'avions pas à faire au même virus
Le nôtre se nomme COVID 19, celui de nos parents s'appelait NSDAP
Lequel a fait le plus de victimes, on ne le sait pas encore.
Pour le premier, ce sont les équipes médicales qui en auront certainement raison, pour le second, cela a été l'inverse, on s'est servi des équipes médicales pour imposer la raison
Ce qui est sûr, c'est que celui de nos parents aura laissé plus de traces, de séquelles et plus de haines, refoulées pour la plupart.
Le nôtre se nomme COVID 19, celui de nos parents s'appelait NSDAP
Lequel a fait le plus de victimes, on ne le sait pas encore.
Pour le premier, ce sont les équipes médicales qui en auront certainement raison, pour le second, cela a été l'inverse, on s'est servi des équipes médicales pour imposer la raison
Ce qui est sûr, c'est que celui de nos parents aura laissé plus de traces, de séquelles et plus de haines, refoulées pour la plupart.
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La guerre ne crée que des cimetières. Dans ces cimetières il n'y a pas d'ennemis, seuls des braves reposent
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Hubert DENYS- EXPERT
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Re: 1940 Le début d’un confinement ?
« … nous courions derrière les chars de Guderian. …
Un correspondant de guerre de l'United Press a eu l'occasion d'interviewer librement le maréchal Heinz Guderian, qui, d'ailleurs, paraît enchanté de discuter de ses théories favorites et de critiquer les erreurs des chefs militaires allemands.
Expert en matière d'opérations motorisées, le général Guderian estime que la Wehrmacht aurait pu repousser l'Invasion alliée en Normandie, si ses réserves en Panzer avaient été réparties sur une zone française étendue, et non pas concentrées près de la côte. Il attribue donc une lourde faute au maréchal Rommel.
Guderian, qui a été chef d'état-major de Hitler sur le front russe de, juillet 1944 à fin mars 1945, déclare que le Reich aurait pu battre l'U.R.S.S., même à la fin de 1944, si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s'étaient retirés de la guerre.
Il dit n'éprouver aucune animosité contre ses anciens antagonistes, et pouvoir discuter de la guerre comme s'il avait été un simple spectateur. Après la bataille, un soldat se sent vite en confiance avec d'autres soldats. Malheureusement, les politiciens et les hommes d'affaires ne sont pas dans le, même cas.
Guderian a exprimé l'espoir que les Alliés ne commettront pas les mêmes erreurs qu'après la première guerre mondiale, ce qui lui semble difficile en raison, dit-il, des haines nées de cette guerre, et de la campagne pour " le châtiment des vaincus ".
On se rappelle que Guderian avait succédé au général K. Seitzler comme chef d'état-major, après l'échec de l'attentat contre la vie de Hitler.
Le Monde
Gamblin- Invité
Re: 1940 Le début d’un confinement ?
@Hubert Denys
Vous avez raison.
Le problème avec les virus c'est qu'ils sont nombreux…
@Gamblin
Guderian qui a été à l'origine de cette théorie de la "Guerre des blindés" n'a pas eu un rôle déterminant malgré ses responsabilités comme inspecteur général des unités blindés.
Il était effectivement en désaccord avec Rommel sur la défense côté ouest. Il n'a pas réussi à imposer son point de vue à Hitler (et tant mieux peut-être!) car ce dernier faisait confiance à Rommel.
Une fois le débarquement engagé, Rommel a tardé à mettre en place la 116ème Panzer jusqu'au milieu juillet. Et la raison invoquée, mais impossible à prouver, serait qu'il voulait disposer d'une unité prête à toute éventualité au moment de l'attentat contre Hitler.
Autre remarque : Les évènements une fois passés on a souvent tendance à "refaire" l'histoire et dans son livre Guderian ne s'en prive pas...
Rajout en passant : on s'est un peu éloigné de l'origine de mon billet. Il était question d'une image "virtuelle", celle d'Ernst Jünger "saluant" les "gamins de Saumur" par "l'écriture"...
Mais comme il s'agissait de "libres propos"...
Vous avez raison.
Le problème avec les virus c'est qu'ils sont nombreux…
@Gamblin
Guderian qui a été à l'origine de cette théorie de la "Guerre des blindés" n'a pas eu un rôle déterminant malgré ses responsabilités comme inspecteur général des unités blindés.
Il était effectivement en désaccord avec Rommel sur la défense côté ouest. Il n'a pas réussi à imposer son point de vue à Hitler (et tant mieux peut-être!) car ce dernier faisait confiance à Rommel.
Une fois le débarquement engagé, Rommel a tardé à mettre en place la 116ème Panzer jusqu'au milieu juillet. Et la raison invoquée, mais impossible à prouver, serait qu'il voulait disposer d'une unité prête à toute éventualité au moment de l'attentat contre Hitler.
Autre remarque : Les évènements une fois passés on a souvent tendance à "refaire" l'histoire et dans son livre Guderian ne s'en prive pas...
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Rajout en passant : on s'est un peu éloigné de l'origine de mon billet. Il était question d'une image "virtuelle", celle d'Ernst Jünger "saluant" les "gamins de Saumur" par "l'écriture"...
Mais comme il s'agissait de "libres propos"...
LANG- Messages : 923
Date d'inscription : 09/12/2018
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Localisation : Yonne
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