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LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
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LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
LE CIMETIERE DE COLLEVILLE

Ce cimetière se situe sur la commune de Colleville-sur-mer, dans le Calvados. Le terrain, d’une superficie de 70 ha, qui surplombe la plage d’Omaha, a été concédé à perpétuité par le gouvernement français au gouvernement américain, selon la formule consacrée :" En témoignage de la reconnaissance de la France envers le sang versé." Les propriétaires des terrains réquisitionnés ont été indemnisés par l'Etat Français à hauteur de 12000 francs, de l'époque, par hectare. Le cimetière est donc considéré comme étant territoire américain où les lois américaines s'appliquent, mais ne bénéficie pas de l'exterritorialité, ce qui signifie que le terrain ne peut pas être revendu ni être utilisé pour un autre usage que celui destiné et précisé par la vente. Les premiers corps ont été exhumés à partir du 27 octobre 1947 du cimetière de La Cambe et le premier corps a été inhumé définitivement le 4 novembre 1948 dans le cimetière actuel.
Préparatifs du terrain :
Les travaux de nivellements du terrain commencent en 1947. Le cimetière est orienté Est/Ouest et la surface allouée aux tombes est de 10,7 ha. Le cimetière n°3 est situé sur le même terrain que le cimetière actuel mais légèrement décalé par rapport à celui-ci. Si on se réfère aux photos d'époque, le cimetière devait occuper approximativement les parcelles B, D, F du cimetière actuel.

Engins de terrassement utilisés pour aplanir et préparer le terrain destiné au cimetière de Colleville sur mer. (NA/USA)
Maintenant que le terrain est alloué définitivement, la décision est prise de regrouper tous les corps inhumés dans de petits cimetières provisoires disséminés en Normandie (Blosville, Ste Mère Eglise, Marigny, Le Chêne Guérin, St James etc.) en deux cimetières permanents et définitifs : Colleville et St James (implanté sur la commune de Montjoie St Martin). Le cimetière de Colleville (indûment appelé cimetière de St Laurent par les Américains) recevra toutes les dépouilles relatives aux combats de Normandie et recevra le nom de "Normandy Military Cemetery " et celui de St James regroupera toutes les dépouilles des combats de Bretagne et recevra le nom de "Brittany Military Cemetery". La décision est entérinée officiellement le 20 octobre 1947. Seuls les américains regrouperont les sépultures de leurs hommes en un cimetière unique.
Le premier corps a été exhumé du cimetière de La Cambe le 27 octobre 1947 pour être inhumé au cimetière n° 3 de Colleville. On a profité de ce transfert pour mettre les corps qui étaient encore inhumés avec des linceuls dans des cercueils. Les croix ou étoiles de David accompagnent le cercueil et seront réimplantées à Colleville dans l'attente des marqueurs en marbres. 3070 corps seront ainsi transférés.

Des cercueils en attente de recevoir les corps (NA/USA)

Le cimetière provisoire de Colleville-sur-mer. Les croix sont encore en bois mais les piquets nominatifs ont disparu. Remarquez quelques-uns des bateaux coulés pour former les blockships au large de la plage (NA/USA)

Le cimetière provisoire de Colleville. La construction du cimetière actuel a commencé et on aperçoit la grue au fond, à droite de la photo (NA/USA)


Le cimetière provisoire. Les croix sont encore en bois et les allées ne sont pas encore tracées. La construction du péristyle a commencé (grues). Il sera terminé en 1954 (NA/USA)
Le rapatriement des corps aux USA.
Lorsque les Américains décidèrent de transférer les corps de leurs soldats des cimetières provisoires de Normandie à celui de Colleville sur mer, ils commencèrent le rapatriement des corps de leurs soldats dont la famille souhaitait le retour au pays. Des courriers avaient été adressés dans ce sens à toutes les familles concernées à partir de janvier1947. Le début des exhumations de La Cambe en vue du rapatriement eu lieu le 11 septembre 1947. Entre temps 2800 caisses de transport accompagnées de 28 tonnes d'équipements funéraires arrivent à Cherbourg en août 1947.

Les privates Martin et William Jackonse se préparent à exhumer les corps de ces deux tombes isolées pour les transférer au cimetière de Colleville sur mer (NA /SA)
Processus de rapatriement :
Les corps sont exhumés un à un par une équipe des Quartermasters Graves Registration composée d'un embaumeur et deux assistants dont un Medic. Chaque équipe ne procède pas à plus d'une exhumation par jour. Seuls les corps réclamés par leur famille font l'objet de cette préparation.
-Le corps est sorti du cercueil provisoire ou extrait de son linceul. Le corps est examiné par l'embaumeur qui constate et note le degré de l'état de décomposition, ceci en vue d'un éventuel embaumement.
- Le corps est préparé avec du formol et reçoit des produits désodorisants.
- Le corps est mis dans un linceul neuf, prévu à cet effet, mieux adapté que le Body-bag dans lequel il était jusqu'alors.
- De nouvelles plaques d'identification sont gravées dont une restera attachée au corps (logée le plus souvent dans la bouche ou la boite crânienne du défunt)
- Le corps est déposé dans un cercueil en fonte d'aluminium anodisé, recouvert de bronze sur l'extérieur, pesant 90kg.
- Le cercueil est verrouillé par 24 vis et reçoit un sceau en cire attestant l'inviolabilité.
- Ce cercueil est mis dans une caisse de transport en bois spéciale appelée "Shipping Case"
La croix de bois, le piquet, l'ancien cercueil, le linceul ainsi que tout objet ayant séjourné dans la tombe sont incinérés. La tombe reçoit de la chaux vive avant d'être comblée.

Le cercueil (B) et sa caisse de transport (A). NA/USA)
Un premier bateau, le SS. Robert F. Burns, chargé de 5600 cercueils quitta le port de Cherbourg le 4 novembre 1947. Un autre bateau, le SS. Joseph V. Conolly, chargé de 6251 cercueils lui succéda en partant d'Anvers. Il devait couler le 29 janvier 1948 dans l'Atlantique Nord lors de son retour, avec son chargement de cercueils vides, suite à un incendie à son bord, dû à une fuite d'huile, survenu le 12 janvier 1948. Les rapatriements cessèrent le 8 juillet 1948 et 34874 corps avaient rejoint leur patrie.


Les caisses contenant les cercueils sont chargées à bord du SS. Joseph V. Conolly (NA/USA)

La majeure partie des corps américains (34874) est transportée à bord de bateaux pour être rapatriés et inhumés aux Etats-Unis. Certains feront le trajet en caissons frigorifiques. Ici, c'est un navire français de la Marine Nationale qui se charge du transfert (NA /USA)
LE CIMETIERE ACTUEL
Toute personne qui vient pour la première fois au cimetière militaire américain de Colleville-sur-mer est surprise par plusieurs choses.
Tout d’abord, elle est étonnée par l’immensité du site. En effet, après avoir traversé les immenses parkings et accédé au bureau d’accueil, elle arrive à l’entrée principale et là, après avoir longé une allée noyée dans les frondaisons, elles accèdent aux rangées de tombes. A ce moment, les bras lui en tombent tant le nombre des sépultures est important et tant la magnificence du lieu la saisit. On a du mal à réaliser que plus de neuf mille corps reposent ici. De quelque endroit où l’on se trouve, on ne voit que des alignements parfaits et l’éclatante blancheur des croix. Ensuite, la première émotion passée, malgré la présence de centaines de personnes présentes, adultes et enfants de toutes nationalités, on est frappé par le silence et le recueillement observé au point que chacun se surprend à parler à mi-voix. Chacun y va de son commentaire et exprime son émoi, tout cela dans un murmure communicatif. Tous ressentent que cet endroit est un lieu de mémoire, tous veillent à ne pas troubler le repos de ces jeunes hommes et femmes qui dorment ici de leur sommeil éternel et tous leur expriment un profond respect. Le fait que ce lieu de recueillement surplombe la plage où ils sont arrivés, ont combattu et sont morts, ajoute à l'ensemble une note encore plus pathétique.
L’entretien des pelouses et de la végétation, le fait que chaque tombe soit noyée dans cette verdure sans autre délimitation que la croix ou l’étoile de marbre blanc, fait que ce cimetière soit particulier. Il n’y a pas l’austérité ni la rudesse des autres cimetières conventionnels où les tombes sont nettement séparées les unes des autres. Malgré cela, il s’en dégage une rigueur augmentée par le superbe alignement des croix, sans tomber dans cet excès de rudesse militaire qui fige tout. C’est peut-être ce qui fait que chacun ressent une impression d’espace et de liberté en parcourant les allées.

Plan du cimetière américain de Colleville-sur-mer. (ABMC)

Vue aérienne du cimetière militaire américain de Colleville-sur-mer. Au premier plan, le péristyle en arc de cercle masque la statue colossale. Le Mur des Disparus délimite l'arc de cercle situé derrière ce péristyle. Au centre, la chapelle. A droite, la plage d’Omaha. (Col. Privée)
Ce cimetière a été conçu suivant les plans des architectes Harbeson, Hough, Livingston et Larson. L'espace paysager a été arrangé par Markley Stevenson qui a fait en sorte que, de n'importe quel angle, on voit une rangée de croix. Commencé en 1952, il a été inauguré le 13 juillet 1956 par le président René Coty et par le général Marshall. Son coût a été de 37 millions de dollars. Il se compose de 10"carrés" d'environ 1000 tombes. 9387 soldats, hommes et femmes, tombés durant les combats de Normandie y reposent. Il est à noter que la plupart des corps reposants dans ce lieu ont subi au moins 3 exhumations et 4 inhumations.
- Deux tombes portent une date antérieure au 6 juin 1944 : le 5 décembre 1943.
Il s’agit des tombes de deux hommes d’équipage d’une forteresse volante abattue par la FLAK allemande et qui s’écrasa à proximité de Colleville-sur-mer. Ils avaient sauté en parachute mais leur lourde combinaison de vol les avait maintenus sous l’eau dans laquelle ils s’étaient noyés. Six autres membres de l’équipage furent retrouvés, complètement calcinés, dans les décombres de l’appareil et ont été enterrés par les Allemands au cimetière civil de la commune avec les honneurs militaires. (Anecdote rapportée par Franz Gockel dans son livre "Das Tor zur Hölle" page 70)
Toutes les tombes, parfaitement alignées, sont orientées vers les Etats-Unis d’Amérique. Elles sont en marbre blanc de Lasa, en Italie. Ce marbre fut privilégié par rapport à celui de Carrare car, à qualité égale, le coût de chaque croix était inférieur (l'équivalent de 27€ contre 46 € pour celui de Carrare) et inférieur au coût du granit. Chaque stèle est soit en forme de croix latine, soit en forme d’étoile de David, en fonction de la confession du défunt.
Quelques tombes ont des inscriptions en lettres d’or dont celles de Jimmie W. Monteith Jr, de Théodore Roosevelt, neveu de l'ancien président des Etats-Unis car ce sont des hommes qui ont reçus la Médaille d’Honneur du Congrès, une des plus hautes distinctions américaines équivalentes à notre Légion d'Honneur, à titre posthume, pour leur courage à Omaha Beach.
Il est à noter que sur aucune croix ou étoile n'est mentionné la date de naissance ou l'âge du soldat tué. Les seules mentions inscrites concernent le nom et le prénom sur la 1e ligne, le grade et le corps d'armée sur la 2e ligne, l'état d'origine et la date du décès sur la 3e ligne. La raison de ce choix est le manque de place sur la croix. Au pied et au dos de la croix ou de l'étoile, au ras du sol, figure le N° de la tombe. Pour les 307 soldats dont l'identité n'a pas été retrouvée, la croix, ou l'étoile, porte la mention :
" Here rests in honored glory (Ici repose dans la Gloire et dans l'Honneur)
A comrade in arms (Un compagnon d'armes)
Known but to God (Connu de Dieu seul)
La mention "A comrade in arms" a été préférée à "An American Soldier"
-L'ordre de l'implantation des tombes est aléatoire
-Sur les 9387 hommes inhumés dans ce cimetière, 842 ont été tués le 6 juin 1944 dont 30 à la Pointe du Hoc. 165 appartenaient à la 29thID, 104 étaient de la 1rst ID (Big Red One), 135 étaient de la 101rst Airborne.
La dernière inhumation dans ce cimetière a eu lieu le 24 mars 1995
Implantation des croix
Avant le creusement des premières tombes définitives, on procède à l'implantation des croix mais les croix elles-mêmes ne seront installées qu'en 1951/52, après que tous les corps soient définitivement ensevelis.
Lors de l'établissement des cimetières américains suite à la première Guerre Mondiale dans le nord de la France, les Américains avaient connu des problèmes lors de l'implantation des croix. En effet, celles-ci avaient été implantées de façons identiques sans tenir compte de la nature du terrain environnant. Après quelques temps, certaines de ces croix s'étaient affaissées, d'autres manquaient de stabilité entrainant des travaux de réparations très onéreux afin d'assurer la sécurité des visiteurs. Les architectes américains ont retenu la leçon et ont fait en sorte de ne pas être confrontés aux mêmes problèmes aussi, de grands moyens vont être mis en œuvre :
- Creusement d'une tranchée de 50 cm de large sur 50 cm de profondeur en tête des tombes sur toute la largeur du terrain.
- Pose de plots cubiques en béton de 20cm de côté, espacés de 6 m chacun, ce qui nécessitera 3500 plots
- Coulage de poutrelles en béton de 30cm x 25 reliant les plots entre eux. Une longueur de 19 km de béton sera coulée.
- Après vérification des alignements au cordeau, du respect des intervalles et de la paralléléité par des ingénieurs américains, les chevilles en bronze assurant la fixation des croix sont posées sur les poutrelles en béton. Ce sera une entreprise de travaux publics parisienne qui sera chargée des travaux. Ceux-ci faciliteront grandement le creusement et l'orientation des tombes.


Schémas d'implantations des croix.

Excavatrice creusant les tranchées qui serviront à implanter les croix. Elle était prévue à l'origine pour les travaux de rénovation de Cherbourg. (NA/USA)

La statue colossale mesurant 7 m de hauteur est en bronze
Derrière ce péristyle se trouve le Mur des Disparus où sont inscrits les noms des 1557 soldats dont on n’a jamais retrouvé les corps.

Le mur des Disparus
LA CHAPELLE :

La Chapelle (NA/USA)
A peu près au 2/3 du cimetière est érigée une chapelle circulaire construite en pierre de Vaurion (Côte d'or) avec des marches en granit de Ploumanac’h (Côtes d’Armor). Une frise peinte sur les murs est ornée de la médaille d’Honneur du Congrès. Le plafond comporte une mosaïque réalisée par le new-yorkais Léon Kroll. Elle représente l’Amérique bénissant ses fils qui partent délivrer l’Europe et la France reconnaissante qui dépose une couronne de lauriers sur un soldat tombé pour sa Liberté. L’autel est en marbre des Pyrénées.


Détails de la mosaïque du plafond de la chapelle :
En haut : L’Amérique (symbolisée par la statue de la Liberté et son flambeau tenu par un ange) bénit ses fils qui vont délivrer l’Europe
En bas : La France reconnaissante (avec son bonnet phrygien) met une couronne de lauriers sur la tête d'un soldat tombé pour sa Liberté.

L'autel à l'intérieur de la chapelle (NA/USA)
Ce cimetière est entièrement à la charge des Etats-Unis et est régi par "l’American Battle Monument Commission." Une équipe d’une quinzaine de jardiniers travaille à temps complet à l’entretien. A chaque évènement important (Memorial Day, commémoration de la date anniversaire etc.) chaque tombe est ornée de deux petits drapeaux, l’un Américain, l’autre Français. Tous les soirs, les couleurs américaines et françaises, qui flottent chacune sur un grand mât situé de part et d'autre de la pièce d’eau, sont amenées. La sonnerie : "TAP" (Aux Morts) américaine retentit, suivie par le "God Bless America" (Dieu bénit l’Amérique) qui résonne au carillon. Enfin "La Cloche du Souvenir" tinte toutes les secondes pendant une minute, soit 60 fois.

Le cimetière actuel peu avant son inauguration en juillet 1956. (NA/USA)
LES PERTES EN VIES HUMAINES DURANT LA BATAILLE DE NORMANDIE
PERTES AMERICAINES :
Les Américains ont débarqué environ 2 millions d’hommes durant la bataille de Normandie.
Le 6 juin, ont pris pied sur le sol français :
-La 4th Division US : 23 250 hommes à Utah Beach
-Les 82nd et 101rst Airborne : 15 500 hommes à Utah Beach
-Les 29th et 1rst Division US (La Big Red One) 34 250 hommes à Omaha Beach.
Les 2 cimetières américains comptent 9 387 tombes pour Colleville-sur-mer auxquels il faut ajouter les soldats du Mur des Disparus soit 1 557 hommes, plus 4 410 tombes pour le cimetière de St James, ce qui fait 15 353 hommes. Mais souvenons-nous que près de 70% des soldats américains tués ont été rapatriés aux Etats-Unis
On n’a jamais pu chiffrer le bilan exact des morts américains en Normandie mais on l’estime globalement à 52 000 hommes, ce qui reste relativement peu comparativement aux pertes allemandes, mais ce qui reste un chiffre astronomique. Sans vouloir "minimiser" le sacrifice des autres nations alliées ayant participées à la campagne de Normandie, ce sont les Américains qui ont payés le plus lourd tribut à la reconquête de la France. La plage alliée qui a occasionnée le moins de victimes est celle d’Utah Beach qui a eu "seulement" 194 morts.
Durant la seconde guerre mondiale, les Américains ont dénombré 206 677 morts.
PERTES ALLEMANDES :
Contrairement aux Américains, les Allemands, pourtant plus proches géographiquement de la France que les Etats-Unis, n’ont que peu rapatrié leurs soldats. On ne connaît pas la raison à cette constatation. Sur le sol de la seule Normandie, il a été dénombré à l’heure actuelle 77 936 morts Allemands mais ce nombre augmente chaque année car on découvre encore des corps de soldats qui ont été tués de façons parfois sommaires en des lieux inconnus de tous. Certains anciens membres de la Résistance révèlent parfois des tombes cachées. On évalue à 140 000 le nombre de blessés allemands et à 210 000 hommes, le nombre des prisonniers de guerre durant la campagne de Normandie.
Les principaux cimetières allemands en Normandie sont :
La Cambe : 21 222 tombes
Huisnes-sur-Mer 11 956 tombes
Marigny-La Chapelle-Enjuger : 11 169 tombes
Orglandes : 11 152 tombes
St Désir de Lisieux : 3 735 tombes
Total : 59 234 tombes + 1 995 tombes des divers autres cimetières = 61 229 tombes
PERTES ANGLAISES :
Le 6 juin, les Britanniques ont débarqué :
-La 50th Division Britannique à Gold Beach : 24 970 hommes
-La 3rd Division Britannique à Sword Beach : 28 990 hommes
-La 6th Airborne 7 990 hommes
Les principaux cimetières britanniques en Normandie sont :
Banneville-Sannerville : 2 175 tombes
Bayeux : 4 648 tombes dont 466 Allemandes et 7 Russes
1 807 disparus inscrits sur le Mémorial
Brouay : 377 tombes
Cambes-en-Plaine : 224 tombes
Chouin : 40 tombes
Douvres-la Délivrandes : 927 tombes + 182 tombes Allemandes
Fontenay-le-Pesnel : 520 tombes+ 323 tombes Allemandes
Hermanville-sur-Mer : 986 tombes
Hottot-les-Bagues 965 tombes + 132 tombes Allemandes
Ranville : 2 151 tombes +323 tombes Allemandes
Ryes-Bazenville : 630 tombes + 328 tombes Allemandes
St Manzieu-Norrey : 2 186 tombes
Secqueville-en-Bessin : 117 tombes + 18 tombes Allemandes
Tilly-sur-Seulles : 1 224 tombes + 223 tombes Allemandes
St Charles de Percy : 792 tombes
St Désir de Lisieux : 469 tombes
Total : 19 338 tombes Britanniques + 1 995 tombes Allemandes et 7 Russes
PERTES CANADIENNES :
Le 6 juin, ont débarqué à Juno Beach
La 3e Division Canadienne : 21 400 hommes
Les principaux cimetières canadiens sont :
Bény-sur-mer : 2 043 tombes
Cintheaux : 2 958 tombes.
Total : 5 001 tombes
PERTES POLONAISES :
Le principal cimetière polonais est à :
Lanhgannerie : 650 tombes
PERTES FRANCAISES : Le Commando Kieffer a perdu 21 hommes et a eu 93 blessés.
Toutes ces pertes ne prennent pas en compte celles de la marine et de l’aviation.
Globalement, les pertes alliées pour la seule bataille de Normandie sont estimées ainsi :
77 650 morts dont :
52 000 Américains
20 000 Britanniques
5 000 Canadiens
650 Polonais
16 000 disparus
200 000 blessés.
LES PERTES ALLEMANDES :
85 000 morts et disparus
140 000 Blessés
210 000 prisonniers
Sous la dénomination "Allemande", sont incluses les nationalités polonaises, hongroises, biélorusses, tchèques, mongoles indoues etc., incorporés de force dans les unités allemandes.
Sans oublier le lourd tribut payé par la population civile française qui a été de plus de 50 000 morts parmi lesquels il y eu des femmes et des enfants : 20 000 dans le Calvados, 14800 dans la Manche, 4200 dans l'Orne et 3000 dans l'Eure
Quoiqu’il en soit, il est plus qu’évident que cet épisode de notre histoire a coûté un lourd tribut à nos Alliés et aussi à la population civile qui a subi cette période avec courage et stoïcisme. A nous de faire en sorte qu’une telle hécatombe ne se reproduise plus en faisant connaître ces événements à notre descendance et en honorant la mémoire de toutes les victimes de ce désastre.

Malgré ces pertes, les Français restent reconnaissants du sacrifice de leurs Alliés. La bannière dit : "Longue vie à l'Amérique, longue vie à la Liberté. Les Français remercient les soldats américains (NA/USA)
NE VENEZ PAS PLEURER SUR MA TOMBE
D’nt stand at my graves and weep Ne venez pas pleurer sur ma tombe
I’m not here…I d’nt sleep Je ne suis pas là. Je ne dors pas
I’m a thousand winds that blow; Je suis les milles vents qui soufflent
I’m the diamonds glints on snow Je suis les diamants qui scintillent sur la neige
I’m the sunlights on ripened grain Je suis les rayons de l’épi mûr ;
I’m a gentle autumn’s rain Je suis la gentille pluie d’automne
When you awaken in morning hush Quand vous vous éveillez dans le soleil matinal
I’m the swift up lifting rush Je suis l’envol vif-argent
Of quite birds in circled flight D’oiseaux sereins qui tourbillonnent
I’m the soft star that shine at night Je suis la douce étoile qui scintille dans la nuit
D’nt stand at my graves and cry Ne venez pas pleurer sur ma tombe
I’m not here; I did not die Je ne suis pas là, Je ne suis pas mort
Ce poème, d’un auteur inconnu, est gravé sur la tombe du Private Thomas Merlin au Texas.
Celui-ci avait débarqué le 6 juin 1944 avec la compagnie C du 35th Régiment, 90th Division à Omaha Beach. Il y était revenu pour la 1e fois en 1987 et il avait promis de revenir avec sa famille en 1989.
Une crise cardiaque l’a terrassé quelques mois avant de pouvoir tenir celle-ci
Hubert DENYS

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Les photographies illustrant cet article, qui ont été cédées par les Archives Nationales Américaines, font l'objet d'un copyright. Toute utilisation, sous quelque forme que ce soit sera considérée comme un plagiat et soumise à des poursuites judiciaires.
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Re: LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
Un article très complet, remarquable de précisions.
Merci Hubert DENYS.
Merci Hubert DENYS.
Blu- Invité
junker- Messages : 476
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Re: LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
HISTORIQUE oui, émouvant certainement pour ceux qui connaissent cet endroit. Un beau sujet sans aucun doute à 'approche du débarquement de Normandie.
Angers Didier- Invité
Le cimetière de Colleville sur mer
Merci pour vos compliments.
Etant membre de l'association "Les fleurs de la mémoire",j'ai connu le cimetière lors d'une cérémonie. J'ai entendu plusieurs personnes se poser la question de l'édification de cet endroit. Cela m'a donné l'idée de faire des recherches et d'écrire cet article. C'était en 2001 et cela m'a prit 11ans. J'ai rencontré des vétérans Américains et Allemands (Franz Gockel et Heinrich Severloh (la bête d'omaha) qui m'ont donné pas mal de détails ainsi que l'ancien responsable américain du cimetière
Etant membre de l'association "Les fleurs de la mémoire",j'ai connu le cimetière lors d'une cérémonie. J'ai entendu plusieurs personnes se poser la question de l'édification de cet endroit. Cela m'a donné l'idée de faire des recherches et d'écrire cet article. C'était en 2001 et cela m'a prit 11ans. J'ai rencontré des vétérans Américains et Allemands (Franz Gockel et Heinrich Severloh (la bête d'omaha) qui m'ont donné pas mal de détails ainsi que l'ancien responsable américain du cimetière
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jojo27- Messages : 83
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Re: LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
11 années avec un résultat remarquable.
Merci Hubert DENYS pour ces deux articles parfaitement documentés.
Merci Hubert DENYS pour ces deux articles parfaitement documentés.
LANG- ADMINISTRATEUR
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Re: LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
Et le jour ou j'ai fait la visite du cimetière de Coleville, nous avons assisté à la préparation de la grande cérémonie qui aller accueillir Macron et Trump, un tapis de 200m de long du monument en haut des marches jusqu'aux canons qui devaient tirer des salves et que les cadets de west point, astiqués en grande tenue de parade, puis des piquets d'honneur, répétés le maniements d'armes et le pas cadencé animés par des gradés gueulard !! C'était la foule des grands évènements !! Impressionnant, A Sainte Mère l’Église les haut-parleurs annoncé plus de 120 000 personne dans le village , pas la peine de vous dire que si tu perds quelqu'un de vue c'est plus la peine de la chercher, il faut avant tout ce donner un point de repère,




junker- Messages : 476
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LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
Mon cher Junker, je comprends très bien ce que vous ressentiez lorsque vous vous êtes rendu dans ce lieu magnifique.
Je vais vous raconter le plus grand moment d'émotion que j'ai ressenti dans ce cimetière.
Cela se passait le lendemain des cérémonies officielles des célébrations du 60e anniversaire donc en 2004. J'étais venu avec mon amie, fleurir les tombes des deux soldats que je parraine. Je venais de me recueillir sur la tombe du deuxième soldat lorsque j'ai ressenti une présence derrière moi. Je me suis alors retourné et j'ai vu deux hommes noirs qui semblaient attendre. C'était deux Marine's en tenue d'apparat. Leur badge disait que l'un s'appelait Rose et l'autre White.
Lorsqu'ils ont vu que j'allais partir, l'un m'a demandé, en mauvais français, si le soldat que je venais de fleurir était de ma famille.
Je lui ai répondu, en anglais, par la négative et leur ai expliqué le but de l'association "Les Fleurs de la Mémoire". Ils se sont regardé l'un l'autre, puis ont reculé d'un pas et m'ont salué militairement. L'un deux m'a dit :" Thank for us Sir" (Merci pour eux Monsieur)
J'ai servi dans les paras et j'ai pas mal bourlingué aussi, je crois pas être une mauviette mais là, je n'ai pas pu empêcher les larmes de me monter aux yeux
Je vais vous raconter le plus grand moment d'émotion que j'ai ressenti dans ce cimetière.
Cela se passait le lendemain des cérémonies officielles des célébrations du 60e anniversaire donc en 2004. J'étais venu avec mon amie, fleurir les tombes des deux soldats que je parraine. Je venais de me recueillir sur la tombe du deuxième soldat lorsque j'ai ressenti une présence derrière moi. Je me suis alors retourné et j'ai vu deux hommes noirs qui semblaient attendre. C'était deux Marine's en tenue d'apparat. Leur badge disait que l'un s'appelait Rose et l'autre White.
Lorsqu'ils ont vu que j'allais partir, l'un m'a demandé, en mauvais français, si le soldat que je venais de fleurir était de ma famille.
Je lui ai répondu, en anglais, par la négative et leur ai expliqué le but de l'association "Les Fleurs de la Mémoire". Ils se sont regardé l'un l'autre, puis ont reculé d'un pas et m'ont salué militairement. L'un deux m'a dit :" Thank for us Sir" (Merci pour eux Monsieur)
J'ai servi dans les paras et j'ai pas mal bourlingué aussi, je crois pas être une mauviette mais là, je n'ai pas pu empêcher les larmes de me monter aux yeux
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La guerre ne crée que des cimetières. Dans ces cimetières il n'y a pas d'ennemis, seuls des braves reposent
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Re: LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
Malgré ces pertes, les Français restent reconnaissants du sacrifice de leurs Alliés. La bannière dit : "Longue vie à l'Amérique, longue vie à la Liberté. Les Français remercient les soldats américains (NA/USA)...
C'est bien un minimum...
Ne venez pas pleurer sur ma tombe
Je ne suis pas là. Je ne dors pas
Je suis les milles vents qui soufflent /
/ Quand vous vous éveillez dans le soleil matinal
Je suis l’envol vif-argent
D’oiseaux sereins qui tourbillonnent
C'est bien un minimum...
Ne venez pas pleurer sur ma tombe
Je ne suis pas là. Je ne dors pas
Je suis les milles vents qui soufflent /
/ Quand vous vous éveillez dans le soleil matinal
Je suis l’envol vif-argent
D’oiseaux sereins qui tourbillonnent
66-2B- Histoire et Mémoire
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Le cimetiere americain de Colleville sur mer
Cher 66-2B, l'extrait de poème que vous avez reproduit aurait été écrit par un auteur anonyme mais, il semblerait que ce soit plutôt l'œuvre d'une femme mais ce n'est pas prouvé.
Par contre, il a été retrouvé, dans un fox-hole une lettre écrite par un GI's. Cette lettre est très peu connue et elle m'a été transmise par un élève-officier que j'ai rencontré lors d'une commémoration de la St Michel, aux Invalides à Paris. Il participait à un échange d'élèves-officiers français de St Cyr avec des élèves-officiers de West-Point . Voici ce texte :
Prière pleine d'une touchante ingénuité écrite depuis le fond d'un foxhole par un GI's inconnu..
Look, God, I've never spoken to you
But now I want to say How do you do?
You see God, they told me you didn't exist
And like a fool I believed in all of this
Last night from a shell hole I saw your sky
I figured right then, they had told me a lie
Had I taken the time to see the things you made
I'd known they weren't calling a spade a spade
I wonder God if you would shake my hand
Somehow, I feel that you will understand
Funny.. I had to come to this hellish place
Before I found the time to see your face
Well I guess there isn't much to say
But I'm sure glad God I met you today
I guess the "zero hour" will be here soon
But I'm not afraid since I know you're near
The signal... well God I have to go
I like you lots, this I want you to know
look now, this will be a terrible night
Who knows, I might come to your house tonight
though I wasn't friendly with you before
I wonder God if you'd wait at your door
Look! I'm crying! Me! Shedding tears
I wish I'd known you these many years
Well, I'll have to go now, God Goodbye
Strange, since I met you, I'm not afraid to die
TRADUCTION
Ecoute Dieu, je ne t'ai jamais parlé auparavant
Mais aujourd'hui je veux te dire "Comment ça va?"
Tu vois Dieu, on m'a toujours dit que tu n'existais pas
Et comme un imbécile je les ai cru
La nuit dernière depuis mon trou d'obus j'ai vu ton ciel
Et j'ai alors réalisé qu'on m'avait menti
Si seulement j'avais pris le temps de regarder toutes les choses que tu as faites
J'aurais compris qu'il n'appelait pas un chat "un chat"
Je me demande Dieu si tu accepterais de me serrer la main
Quelque part je sais que tu me comprends
C'est drôle.. il a fallu venir jusqu'à cet endroit infernal
Pour trouver le temps de regarder ton visage
Bon, je pense qu'il n'y a pas grand-chose à rajouter
Mais je suis vraiment heureux Dieu de t'avoir rencontré aujourd'hui
Je pense que l'heure H sera là bientôt
Mais je n'ai plus peur car je te sais proche
Le signal! Bon ! Je dois y aller
Je t'aime beaucoup, ça je veux que tu le saches
Tu sais, ce va être une nuit terrible
Qui sait, peut-être frapperai-je à ta porte cette nuit
Bien que je n'ai pas toujours été amical dans le passé
Je me demande Dieu si tu m'attendras à ta porte
Regarde ! Je pleure ! Moi ! Je verse des larmes !
Je voudrais t'avoir connu toutes ces années
Bon je dois y aller à présent ; au revoir Dieu
C'est étrange, depuis que je t'ai rencontré, je n'ai plus peur de mourir..
Je pense que ce texte résume beaucoup de "choses". Bien que n'étant pas moi-même croyant, il y a des éléments qui me rappellent des événements auxquels j'ai moi-même été confronté et qui m'ont permis de douter.
Pour ma part, je me suis permis d'écrire certains textes. Si vous le voulez bien, je vous relate le dernier en date
LE BLESSE
A Stocke-Mandeville, près d'Aylesbury, au sud de l'Angleterre
Se trouvait un lieu où des hommes souffraient dignement, en silence.
C'était un de ces grands hôpitaux qui soignaient les militaires
En essayant de garder espoir, dignité et surtout, la confiance
Un jour, dans un de ces petits bars situés au cœur du village,
Une dizaine d'hommes plus ou moins estropiés, sirotaient une bière
Plus question ici de grade, de nationalité ou de limite d'âge
Tous se remettaient doucement des dégâts causés par la guerre
Ils riaient de bon cœur, la bonne humeur était de rigueur
Quand, un homme, dans un fauteuil roulant, fit son entrée
Il portait l'uniforme bleu des pilotes français avec honneur
Sur sa poitrine, entres autres, brillait le ruban représentant la DFC
Son visage n'était qu'une horrible cicatrice difficile à regarder
Ses yeux blancs apparaissaient à peine sous les sourcils brûlés
Deux trous immondes remplaçaient ce qui avait été son nez
Un rictus grimaçait sur sa bouche, sans lèvres, à jamais mutilée.
L'ambiance dans le bar a soudain chutée et tout est devenu murmure
Un camarade américain, amputé d'une jambe, appela le serveur
Il lui demanda de servir un verre à l'homme aux horribles blessures
Afin qu'ils puissent, tous ensemble, porter un toast avec ferveur
Le serveur s'approcha et parla doucement à l'oreille du blessé
Celui-ci se tourna brusquement vers le côté d'où lui venait le son,
Renversa à demi le verre et, d'une voix rauque, se mit à crier :
"Je n'ai que faire de votre pitié et de votre compassion"
Son infirmière se précipita vers lui et, doucement, gentiment, lui fait part
Que le don venait d'un camarade de combat, lui aussi meurtri dans sa chair,
Qui ne pensait pas à mal mais voulait seulement présenter ses égards
A un frère d'armes qui, comme lui, avait combattu âprement dans les airs
Alors l'homme, ses yeux vides regardant le plafond, se figea.
Il repoussa, du mieux qu'il put, l'infirmière avec son bras
Et, s'appuyant à la table, au prix d'un terrible effort, se leva
Puis, à tâtons, chercha son verre et, la tête haute, il déclara :
"Veuillez excuser d'un petit français, l'impolitesse et l'incorrection
Qui, en se retranchant derrière sa misère, a oublié un instant
Que sans vous, mes amis inconnus venant de lointaines nations
Il n'y avait que peu d'espoir de délivrer son pays du joug allemand
Je lève mon verre à vous tous, mes compagnons et frères d'armes
Qui, vaillamment, au péril de leur vie, pour moi sont venus combattre
Vous qui, dans la lutte et les souffrances avez su refouler vos propres larmes
Afin que l'honneur et le cœur de la France puissent continuer à battre"
Puis l'homme se tut et, s'appuyant sur les bras de son fauteuil, se rassit
Heureusement, ses yeux morts ne purent voir les larmes sur les visages
Elles coulaient sur les joues de ces hommes que la guerre avait meurtris
Et qui prenaient conscience que, soudain, ils étaient devenus plus sages
Hubert DENYS
NB : Les lieux et les faits relatés dans ce texte sont absolument réels et authentiques. Ils ont été relatés par Pierre Clostermann, l'as français aux 37 victoires homologuées ayant servi dans la RAF. Seules les paroles prononcées ont été modifiées.
Par contre, il a été retrouvé, dans un fox-hole une lettre écrite par un GI's. Cette lettre est très peu connue et elle m'a été transmise par un élève-officier que j'ai rencontré lors d'une commémoration de la St Michel, aux Invalides à Paris. Il participait à un échange d'élèves-officiers français de St Cyr avec des élèves-officiers de West-Point . Voici ce texte :
Prière pleine d'une touchante ingénuité écrite depuis le fond d'un foxhole par un GI's inconnu..
Look, God, I've never spoken to you
But now I want to say How do you do?
You see God, they told me you didn't exist
And like a fool I believed in all of this
Last night from a shell hole I saw your sky
I figured right then, they had told me a lie
Had I taken the time to see the things you made
I'd known they weren't calling a spade a spade
I wonder God if you would shake my hand
Somehow, I feel that you will understand
Funny.. I had to come to this hellish place
Before I found the time to see your face
Well I guess there isn't much to say
But I'm sure glad God I met you today
I guess the "zero hour" will be here soon
But I'm not afraid since I know you're near
The signal... well God I have to go
I like you lots, this I want you to know
look now, this will be a terrible night
Who knows, I might come to your house tonight
though I wasn't friendly with you before
I wonder God if you'd wait at your door
Look! I'm crying! Me! Shedding tears
I wish I'd known you these many years
Well, I'll have to go now, God Goodbye
Strange, since I met you, I'm not afraid to die
TRADUCTION
Ecoute Dieu, je ne t'ai jamais parlé auparavant
Mais aujourd'hui je veux te dire "Comment ça va?"
Tu vois Dieu, on m'a toujours dit que tu n'existais pas
Et comme un imbécile je les ai cru
La nuit dernière depuis mon trou d'obus j'ai vu ton ciel
Et j'ai alors réalisé qu'on m'avait menti
Si seulement j'avais pris le temps de regarder toutes les choses que tu as faites
J'aurais compris qu'il n'appelait pas un chat "un chat"
Je me demande Dieu si tu accepterais de me serrer la main
Quelque part je sais que tu me comprends
C'est drôle.. il a fallu venir jusqu'à cet endroit infernal
Pour trouver le temps de regarder ton visage
Bon, je pense qu'il n'y a pas grand-chose à rajouter
Mais je suis vraiment heureux Dieu de t'avoir rencontré aujourd'hui
Je pense que l'heure H sera là bientôt
Mais je n'ai plus peur car je te sais proche
Le signal! Bon ! Je dois y aller
Je t'aime beaucoup, ça je veux que tu le saches
Tu sais, ce va être une nuit terrible
Qui sait, peut-être frapperai-je à ta porte cette nuit
Bien que je n'ai pas toujours été amical dans le passé
Je me demande Dieu si tu m'attendras à ta porte
Regarde ! Je pleure ! Moi ! Je verse des larmes !
Je voudrais t'avoir connu toutes ces années
Bon je dois y aller à présent ; au revoir Dieu
C'est étrange, depuis que je t'ai rencontré, je n'ai plus peur de mourir..
Je pense que ce texte résume beaucoup de "choses". Bien que n'étant pas moi-même croyant, il y a des éléments qui me rappellent des événements auxquels j'ai moi-même été confronté et qui m'ont permis de douter.
Pour ma part, je me suis permis d'écrire certains textes. Si vous le voulez bien, je vous relate le dernier en date
LE BLESSE
A Stocke-Mandeville, près d'Aylesbury, au sud de l'Angleterre
Se trouvait un lieu où des hommes souffraient dignement, en silence.
C'était un de ces grands hôpitaux qui soignaient les militaires
En essayant de garder espoir, dignité et surtout, la confiance
Un jour, dans un de ces petits bars situés au cœur du village,
Une dizaine d'hommes plus ou moins estropiés, sirotaient une bière
Plus question ici de grade, de nationalité ou de limite d'âge
Tous se remettaient doucement des dégâts causés par la guerre
Ils riaient de bon cœur, la bonne humeur était de rigueur
Quand, un homme, dans un fauteuil roulant, fit son entrée
Il portait l'uniforme bleu des pilotes français avec honneur
Sur sa poitrine, entres autres, brillait le ruban représentant la DFC
Son visage n'était qu'une horrible cicatrice difficile à regarder
Ses yeux blancs apparaissaient à peine sous les sourcils brûlés
Deux trous immondes remplaçaient ce qui avait été son nez
Un rictus grimaçait sur sa bouche, sans lèvres, à jamais mutilée.
L'ambiance dans le bar a soudain chutée et tout est devenu murmure
Un camarade américain, amputé d'une jambe, appela le serveur
Il lui demanda de servir un verre à l'homme aux horribles blessures
Afin qu'ils puissent, tous ensemble, porter un toast avec ferveur
Le serveur s'approcha et parla doucement à l'oreille du blessé
Celui-ci se tourna brusquement vers le côté d'où lui venait le son,
Renversa à demi le verre et, d'une voix rauque, se mit à crier :
"Je n'ai que faire de votre pitié et de votre compassion"
Son infirmière se précipita vers lui et, doucement, gentiment, lui fait part
Que le don venait d'un camarade de combat, lui aussi meurtri dans sa chair,
Qui ne pensait pas à mal mais voulait seulement présenter ses égards
A un frère d'armes qui, comme lui, avait combattu âprement dans les airs
Alors l'homme, ses yeux vides regardant le plafond, se figea.
Il repoussa, du mieux qu'il put, l'infirmière avec son bras
Et, s'appuyant à la table, au prix d'un terrible effort, se leva
Puis, à tâtons, chercha son verre et, la tête haute, il déclara :
"Veuillez excuser d'un petit français, l'impolitesse et l'incorrection
Qui, en se retranchant derrière sa misère, a oublié un instant
Que sans vous, mes amis inconnus venant de lointaines nations
Il n'y avait que peu d'espoir de délivrer son pays du joug allemand
Je lève mon verre à vous tous, mes compagnons et frères d'armes
Qui, vaillamment, au péril de leur vie, pour moi sont venus combattre
Vous qui, dans la lutte et les souffrances avez su refouler vos propres larmes
Afin que l'honneur et le cœur de la France puissent continuer à battre"
Puis l'homme se tut et, s'appuyant sur les bras de son fauteuil, se rassit
Heureusement, ses yeux morts ne purent voir les larmes sur les visages
Elles coulaient sur les joues de ces hommes que la guerre avait meurtris
Et qui prenaient conscience que, soudain, ils étaient devenus plus sages
Hubert DENYS
NB : Les lieux et les faits relatés dans ce texte sont absolument réels et authentiques. Ils ont été relatés par Pierre Clostermann, l'as français aux 37 victoires homologuées ayant servi dans la RAF. Seules les paroles prononcées ont été modifiées.
_________________
La guerre ne crée que des cimetières. Dans ces cimetières il n'y a pas d'ennemis, seuls des braves reposent
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Re: LE CIMETIERE MILITAIRE AMERICAIN DE COLLEVILLE
OUFF!
ce GI's inconnu ainsi que sa Prière pleine d'une touchante ingénuité écrite depuis le fond d'un foxhole
Ce poème, me rapelle notre prière du Para... Et puis , tutoyer Dieu, quelles convictions ...
Merci pour les traductions, sans lesquelles , je n'aurai saisi ' le fond et la forme "...
ce GI's inconnu ainsi que sa Prière pleine d'une touchante ingénuité écrite depuis le fond d'un foxhole
Ce poème, me rapelle notre prière du Para... Et puis , tutoyer Dieu, quelles convictions ...
Merci pour les traductions, sans lesquelles , je n'aurai saisi ' le fond et la forme "...
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